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Saturday, February 25, 2012

Découvrez la langue maltaise

Malte (en anglais et maltais, Malta) est un minuscule pays composé de trois îles (Malte, Gozo et Comino), à mi-chemin entre la Sicile et la côte tunisienne, et membre de l’Union Européenne. Avec une population d’environ 380 000 habitants (plus de 800 000 maltais vivent à l’étranger, soit plus de deux fois la population interne du pays), Malte n’a qu’une superficie de 316 Km² (dont Malte 246 Km², Gozo 67 Km² et Comino 2 Km²). La Capitale s’appelle La Valette (en maltais Il-Belt Valletta, en anglais Valletta). Malte est un pays catholique à 98%, ce fut d’ailleurs le premier d’Europe occidentale à l’être (suite au naufrage de St-Paul), avec près de 1000 religieux et pas moins de 350 églises. L’île fut cédée par Charles Quint en 1530 (contre un faucon maltais !) à l’ordre de St-Jean de Jérusalem, expulsé de Rhodes. Ainsi naquit le fameux Ordre de Malte. Le nom de Malte descend de la langue des Phéniciens (qui habitèrent l’île entre -800 et -600 avant JC) et signifierait « île de miel ».

Malte possède deux langues officielles : le maltais tout d’abord, objet de notre étude ; puis l’anglais, langue de la colonisation britannique pendant près de deux siècles. On y trouve également de petites communautés parlant le français, l’italien, l’espagnol, l’allemand ou encore l’arabe. La langue maltaise, bien que clairement d’origine sémitique (sa ressemblance avec l’arabe maghrébin est évidente), a subi de fortes influences extérieures, en vertu de la situation clef de l’île au milieu de la Méditerranée. Ainsi la langue possède de nombreux mots d’origine française, sicilienne ou italienne et plus récemment, anglaise.

Je vous propose donc sur cette page de découvrir le maltais, grâce à une bref aperçu grammatical de la langue, suivi d’un lexique assez riche. Je suis certain que le caractère mystérieux de cette langue saura vous plaire. Il est assez ludique d’essayer de comparer certains mots avec leur équivalent italien ou arabe, tant la ressemblance est parfois frappante. L’orthographe elle aussi a son charme. Je suis certain que cette langue méconnue ne vous laissera pas indifférent. Ce serait dommage de ne penser qu’à Malte on ne parle que l’anglais, lorsqu’on sait qu’une telle langue y est également officielle (et de ce fait, officielle dans l’Union Européenne). Voici donc à quoi ressemble le maltais...

Aperçu de la langue
Extraits de textes en maltais

* «Reġel kellu biss żewġ titfal. L-iżgħar qal lil missieru : “Wasal iż-żmien li nkun raj tiegħi ‘nnifsi u li jkolli l-flus ; u li nkun nista nitlaq u l’inżur pajjiżi oħra. Aqsam ġidek u tini sehmi.” – “Ibni, qal il-missier, kif trid ; inti mqareb u tkun ikkastigat !” Minnufiħ, fetħ kexxun, u qasam li kellu fi tnejn.»
(Parabole de l’enfant prodigue. Traduction : Un homme n’avait que deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Il est temps que je sois mon maître et que j’aie de l’argent ; il faut que je puisse m’en aller et que je voie du pays. Partagez votre bien, et donnez-moi ce que je dois avoir !” – “Ô mon fils, dit le père, comme tu voudras ! Tu es un méchant et tu seras puni !” Et ensuite, il ouvrit un tiroir, il partagea son bien et en fit deux parts.)

* «Il-gżejjer Maltin għandhom storja kbira li tifrex tul il-medda ta’ ħafna snin. Fiha naraw li minn żminijiet qodma l-poplu beda jinfirex f’inħawi differenti biex jifforma komunitatijiet żgħar li bil-mod il-mod bdew joktru u jikbru.»
(Guillaumier, 1987. Traduction : Les îles maltaises ont une longue histoire qui s’étend sur de nombreuses années. Nous y trouvons que dans les temps anciens, les peuples ont commencé à se répandre dans différentes directions afin de fonder de petites communautés qui petit à petit finissent par se multiplier et grandir.)


Alphabet et prononciation
Le maltais s’écrit au moyen de l’alphabet latin, auquel quelques lettres ont été rajoutées ou enlevées ou encore, notée d’un signe diacritique. Son alphabet compte donc 30 lettres :
* a – b – ċ – d – e – f – ġ – g – għ – h – ħ – i – ie – j – k – l – m – n – o – p – q – r – s – t – u – v – w – x – ż – z

Leur prononciation varie parfois de nos habitudes. Voici comment se prononcent ces lettres :
* Voyelles : a [a] – e [ε] (comme ''è'', ouvert) – i [i] – ie [iε] – o [o] (''o'' fermé) – u [u] (comme ''ou'')
* Consonnes avec diacritique : ċ [ʧ] (''tch'') – ġ [dʒ] (''dj'') – għ, ħ & h (laryngales, comme en arabe ou muettes) – ż [z]
* Consonnes dont la prononciation est similaire au français : b – d – f – k – l – m – n – p – t – v
* Consonnes dont la prononciation est partiellement similaire : g [g] (toujours dur, même devant i / e) – s [s] (jamais comme ''z'') – w [w] (comme en anglais)
* Consonnes typiques : j [j] (comme ''y'' ou comme en allemand) – q [ʔ] (arrêt glottal) – r [r] (roulé) – x [∫] (''ch'') – z [ts]/[dz] (comme en italien)
* ’ l’apostrophe placée après un -a final rend un -għ étymologique mais ne se prononce pas. Comme l’arabe, le maltais fonctionne par racines de trois ou quatre consonnes pour former les mots, dont chacun des trois éléments est essentiel.
* Chaque consonne peut être géminée (écrite et prononcée deux fois), comme en italien ou en arabe.
* Noter que la lettre C sans point suscrit (Ċ) n’existe pas.

Chaque voyelle peut être brève, longue ou pharyngale. Le trait de pharyngalisation est noté par « għ » placé avant ou après la voyelle en question. Noter que les « i » et « u » pharyngaux sont diphtongués et se prononcent respectivement [aʕj] et [oʕw]. Une voyelle pharyngale est longue, sauf en cas de diphtongaison.


Grammaire
Article
L’article maltais est unique, quelque soit le genre ou le nombre. Sa forme est « il- ». Il se place devant un substantif ou un adjectif auquel il est relié par un trait d’union. Cependant, il peut subir quelques modifications :
* « il- » conserve sa forme devant des mots commençant par b, f, ġ, g, ħ, j, k, l, m, p, q, v et w. Ex : il-baqra (la vache) ; il-fardal (le tablier) ; il-ġobon (fromage) ; il-gwerra (la guerre) ; il-ħanek (la gencive) ; il-kamra (la chambre) ; il-liżar (le drap) ; il-mogħża (la chèvre) ; il-pupa (la poupée) ; il-qassis (le curé) ; il-verb (le verbe) ; il-widna (l’oreille) etc.
* Le « l » est assimilé par la consonne initiale du mot si celle-ci est ċ, d, n, r, s, t, x, ż ou z. Ex : iċ-ċarruta (le chiffon) ; id-dar (la maison) ; in-nar (le feu) ; ir-riħ (le vent) ; is-sikkina (le couteau) ; it-tigra (le tigre) ; ix-xemx (le soleil) ; iż-żejt (l’huile) ; iz-zalza (la sauce) etc.
* « il- » est réduit à « l- » devant un mot commençant par une voyelle, għ ou ħ. Ex : l-art (le sol) ; l-isem (le nom) ; l-ors (l’ours) ; l-arblu (le poteau) ; l-għassa (la garde) ; l-għar (la grotte) ; l-għerq (la racine) ; l-għeneb (le raisin) ; l-hena (le bonheur) ; l-herra (la violence) etc.
* Devant un mot commençant par deux voyelles, « il- » devient « l- » mais, le mot articulé est obligatoirement précédé d’un « i- ». Ex : lsir (esclave) > l-ilsir (l’esclave) ; msiemer (clous) > l-imsiemer (les clous) ; skola (école) > l-iskola (l’école)
* Lorsque le mot précédent se termine par une voyelle, le « i » de l’article est omis. Ex : il-muftieħ (la clef) > Tlifna l-muftieħ (nous avons perdu la clef)

L’article peut également être contracté avec certaines prépositions telles que : ma’ (avec) > mal ; sa (vers) > sal ; fi (dans) > fil ; ġo (dans) > ġol ; lil (à) > lill ; għal (à) > għall ; bħal (comme) > bħall. Ex : il-bir (le puits) > fil-bir (dans le puits). NB: Les prépositions « fil » et « bil » s’élident en « fl’ » et « bl’ » devant une voyelle, għ ou h


Adjectifs numéraux
* 1 wieħed (f. waħda) – 2 tnejn (żewġ) – 3 tlieta – 4 erbgħa (erba’) – 5 ħamsa – 6 sitta – 7 sebgħa (seba’) – 8 tmienja – 9 disgħa (disa’) – 10 għaxra
* 11 > 19 : ħdax – tnax – tlettax – erbatax – ħmistax – sittax – sbatax – tmintax – dsatax
* 20 > 90 : għoxrin – tletin – erbgħrin – ħamsin – sittin – sebgħin – tmenin – disgħin
* 21 wieħed u għoxrin etc. – 100 mija – 1000 elf
* Ordinaux : l-ewwel – it-tieni – it-tielet – ir-raba’ - il-ħames – is-sitta – is-seba’ – it-tmienja – id-disa’ – i-għaxar

Les formes indiquées entre parenthèses pour 2, 4, 7 et 9 sont celle que prend le numéral lorsqu’il se trouve devant un substantif.Lorsqu’ils précèdent un mot monosyllabique, les chiffres de 1 à 10 changent de forme et ajoutent un -t (de même, ils obligent l’adjonction d’un i- au mot qui suit) : 1 waħdat, 2 żewġt, 3 tlitt, 4 erbat, 5 ħamest, 6 sitt, 7 sebat, 8 tmint, 9 disat, 10 għaxart

Les nombres de 2 à 10 régissent systématiquement un pluriel alors que, ceux de 11 à 19 demandent eux, un singulier et sont reliés à l’article. Ex : żewġ kotba (deux livres), żewġt ifniek (deux lapins), tlitt ijiem (trois jours), ħamest itfal (cinq enfants) etc. / dsatax-il skola (dix-neuf écoles), tlettax-il labra (treize aiguilles) etc.

Pronoms personnels
* Forme isolée (chacun régit sa propre conjugaison) : jiena (je), inti (tu), huwa (il), hija (elle), aħna (nous), intom (vous), huma (ils/elles)
* Forme suffixée (Complément) : -ni, -ek, -u, -ha, -na, -kom, -hom
* Forme suffixée (Possessif) : -i / -ja*, -ek / -k*, -u / -h*, -ha, -na, kom, -hom (* indique une forme spéciale après un substantif terminé en -ejn ou -ajn (duel), dont l’élément perd d’ailleurs son -n final au contact du pronom. Ex : saqajn (les jambes) > saqajja (mes jambes), saqajk (tes jambes) etc.)
* Forme réfléchie (~-même) : innifsi, innfsek, innifsu, innifsha, infusna, infuskom, inushom

Lorsqu’un pronom suffixé est ajouté à un verbe terminé en -a, ce dernier devient -ie (Ex : nesa (il a oublié) > nsieni (il m’a oublié), nsiek (il t’a oublié) etc.)

Un verbe terminé en -a’ auquel est préfixé un pronom voit sa terminaison transformée en -agħ- ou en -għ- (Ex : sema’ (il entend) > semagħni (il m’entend), semgħek (il t’entend) etc.). Enfin, lorsqu’un pronom suffixé est ajouté à un substantif terminé en -a, ce dernier devient -t (Ex : mara (femme) > marti (ma femme), martek (ta femme) etc.)

Les pronoms personnels peuvent également être contractés avec certaines prépositions, sous leur forme de possessif :
* ta (à/de) : tiegħi (à moi), tiegħek (à toi), tiegħu (à lui), tiegħha (à elle), tagħna (à nous), tagħkom (à vous), tagħhom (à eux)
* għand (chez) : għandi (chez moi), għandek, għandhu, għandha, għandna, għandkom, għandhom
* lejn (vers) : lejja (vers moi), lejk, lejh, lejha, lejna, lejkom, lejhom
* lil (à) : lili (à moi), lilek, lilu, lilha, lilna, lilkom, lilhom
* ma’ (avec) : miegħi (avec moi), miegħek, miegħu, magħha, magħna, magħkom, magħhom


Démonstratifs
* Proche : M. Dan – F. din – Pl. dawn
* Éloigné : M. Dak – F. dik – Pl. dawk


Adjectif qualificatif
L’adjectif se place après le substantif qu’il qualifie. Il s’accorde en genre et en nombre avec ce dernier.

Le féminin s’obtient en ajoutant un -a. Ex : tajjeb (bon) > tajba (bonne), smin (gras) > smina (grasse), ħafif (léger) > ħafifa (légère)

Le pluriel ne suit pas de règle stricte, comme pour les substantifs... Citons toutefois les adjectifs terminés en -i qui font leur pluriel en -in. Ex : nadif (propre) > nodfa (propres), ikraħ (laid) > koroħ (laids)

Le comparatif s’obtient par préfixation d’une voyelle, variant selon la consonne qui suit. Ex : kbar (grand) > akbar (plus grand) ; qsar (court) > iqsar (plus court)

Le pronom “que” d’une comparaison est rendu par « min ». Le superlatif s’obtient tout simplement en faisant précéder le comparatif de l’article. Ex : kbar (grand) > akbar (plus grand) > l-akbar (le plus grand)


Conjugaison des verbes
Les différentes déclinaisons d’un verbe sont formées à partir de la racine du mot, composée de trois ou quatre consonnes qui seront toujours présentes, malgré les changements pouvant survenir. La conjugaison en soi n’est pas très complexe. Il n’existe réellement que deux temps (présent et passé), dont on tire également les formes de l’infinitif et de l’impératif. Il existe aussi des participes présent et passés. La difficulté réside dans le fait que de nombreux changements ont lieu, surtout d’ordre vocalique. Le système est somme toute, extrêmement proche de celui de l’arabe. Or, on sait bien qu’en arabe, la voyelle est suffisamment instable pour ne pas être écrite. Le cas du maltais est semblable, mais utilisant un alphabet latin, les variations vocaliques sont écrites et la complexité est alors plus “visible”. Mais il s’agit plus d’un dépaysement que d’une réelle difficulté. Voyez par vous-même, ce n’est pas si compliqué...

Formation du présent
Le présent d’un verbe maltais se forme à partir de sa forme à l’impératif singulier et pluriel en y ajoutant des désinence pronominales (n-, t- ou j-) afin d’obtenir les personnes. NB: La 3° personne féminin singulier est identique à la deuxième personne du singulier.
* manger > (sg) iekol ;(pl) ieklu > niekol, tiekol, jiekol, tiekol, nieklu, tieklu, jieklu
* travailler > (sg) aħdem ;(pl) aħdmu > naħdem, taħdem, jaħdem, taħdem, naħdmu, taħdmu, jaħdmu

Formation du passé
Le passé se forme par adjonction de désinences pronominales (-t, -t, -Ø, -et, -na, -tu, -u) à la fin de l’infinitif du verbe. Pour compliquer la chose, de très nombreux verbes subissent des modifications vocaliques...
* ħallas (payer) : ħallast, ħallast, ħallas, ħallset, ħallasna, ħallastu, ħallsu
* ħadem (travailler) : ħdimt, ħdimt, ħadem, ħadmet, ħdimna, ħdimtu, ħadmu

Formation du futur
Le futur à proprement parler n’existe pas. On l’obtient en utilisant tout simplement le présent. C’est le contexte qui détermine qu’il s’agit d’un futur. Mais on peut également utiliser des adverbes de temps ou autres indicateurs temporels tels que għada (demain), pitgħada (après-demain) etc. Le futur proche ou futur immédiat s’obtient en faisant précéder le verbe de la particule « se ». Ex : se naħdem (je vais travailler)

Forme négative
La forme négative d’un verbe s’obtient en le faisant précéder de la particule « ma » et d’ajouter également le suffixe « -x » à la fin du verbe, quelque soit la personne ou le temps. Ex : jaf (il sait) > ma jafx (il ne sait pas), mort (je suis allé) > ma mortx (je ne suis pas allé).

Les verbes terminés par -a ou -a’ voient cette terminaison se changer en -ie- (sauf Sg. 3°p -a’ > -ax) au contact du suffixe -x. Ex : beka (il a pleuré) > ma bekiex (il n’a pas pleuré), lgħabna (nous avons joué) > ma lgħabniex (nous n’avons pas joué), morna (nous sommes allés) > ma morniex (nous ne sommes pas allés), żera’ (il a semé) > ma żerax (il n’a pas semé), aħna qtajna (nous avons coupé) > aħna ma qtajniex (nous n’avons pas coupé).

Forme interrogative
La forme interrogative d’un verbe se fait en le faisant précéder de la particule «x’», quelque soit la personne ou le temps du verbe. Ex : x’għamel? (que fait-il?), x’tistudja? (qu’étudies-tu?), x’taħsel? (que laves-tu?)

Traduction du verbe « être »
* Présent : pas de verbe être, celui-ci n’est pas nécessaire. On ne rencontre donc que des phrases nominales sans verbe pour lesquelles on peut éventuellement, renforcer la phrase avec un pronom personnel. La forme de conjugaison du verbe être au présent existe toutefois mais rend une idée de futur.
* Passé : kont, kont, kien, kienet, konna, kontu, kienu
* Futur : nkun, tkun, jkun, tkun, nkunu, tkunu, jkunu
* Forme négative (Présent) : miniex, mintix, mhuwiex/mhux, mhijiex/mhix, mahniex, mintomx, mhumiex

Traduction du verbe « avoir »
* Présent : Le verbe n’existe pas au présent, mais se rend par la tournure : għand (chez) + pronom suffixé, le tout en phrase nominale : għandi, għandek, għandu, għandha, għandna, għandkom, għandhom
* Passé : kelli, kellek, kellu, kellha, kellna, kellkom, kellhom
* Futur : jkolli, jkollok, jkollu, jkollha, jkollna, jkollkom, jkolhom
* Forme négative (Passé) : ma kellix, ma kellekx, ma kellux, ma kellhiex, ma kellniex, ma kellkomx, ma kellhomx



Dictionnaire Français-Maltais

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